Un café, cinq questions : Monica Brinkman
janv
01
2020
Un café, cinq questions : Monica Brinkman
mozaik
Séparation

Un café, cinq questions est un lieu de discussion où je prends le temps d’un café pour questionner un artiste de Vaudreuil-Dorion, un citoyen, une femme d’affaires ou un barbu circonspect, sur son rapport à la culture à l’aide de cinq questions pas du tout scientifiques en lien avec l’actualité, avec la vie, avec notre place dans l’univers et surtout, avec rien de tout ça. À la dernière gorgée de café, je demande à mon invité de choisir mon prochain invité.

Aujourd’hui, à la demande de Dominique Salez, je bois un café avec Monica Brinkman, artiste multidisciplinaire de Vaudreuil-Dorion.

Qui est-elle?

Fruit de l’amour d’une mère acadienne et d’un père allemand qui a émigré au Canada à l’âge de 16 ans, Monica Brinkman est celle avec qui on aime échanger, parler, partager. L’art sous toutes ses formes, et particulièrement la mosaïque, s’est lentement immiscé dans sa vie au point de la transformer et de lui donner les ailes qui lui permettent aujourd’hui, résiliente, de vivre sereinement et heureusement. Depuis le lancement du projet Je suis… en 2010, elle a participé à de nombreuses activités culturelles, dont les parades Mozaïk et les projets Les Artistes du bonheur et Le souffle de ma communauté. Je lui ai posé cinq questions, elle m’a donné de multiples réponses.

Si vous aviez à définir l’art à E.T., que lui diriez-vous?

E.T. est un de mes films favoris! L’art est la plus grande force de l’humanité, c’est notre super power! Tous les êtres humains sont à la recherche de la liberté totale et je pense que la seule façon que nous pouvons atteindre ça, c’est à travers l’art. L’art, c’est un langage universel. Tout le monde sur la planète peut regarder un tableau, on n’a pas besoin de parler la même langue, avoir la même culture ou le même vécu, on va tous l’interpréter à notre façon avec le bagage et l’intellect que nous avons. Ça a un pouvoir incroyable. On a l’intellect et on a le cœur, l’art est le fil conducteur entre ces deux choses-là. La créativité est notre 6e sens. Tout le monde l’a. Si tout le monde faisait une forme d’art ou une autre, je pense que ça amènerait les gens à leur liberté totale. Ça nous ouvre à nous regarder nous-mêmes, à nous évaluer, à nous comprendre, à nous connaître, à connaître l’autre. C’est le super power de l’être humain!

Quel est le projet artistique le plus marquant auquel vous avez contribué?

Tous les projets sont marquants, mais puisqu’il faut en choisir juste un, je vais parler du projet Le souffle de ma communauté avec les survivants de l’accident de train qui s’est passé à Dorion le 7 octobre 1966. Ça s’est passé avant ma naissance et dans mon quartier… j’ai participé au projet de ces bulles dans le tunnel piétonnier à l’occasion de la commémoration de l’accident. Quand j’ai rencontré les participants, les survivants et les membres de la famille de ceux qui sont décédés, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Personne n’en parlait. Ce que j’ai découvert dans ce projet-là, ce sont des gens résilients comme je n’ai jamais vu, une générosité incroyable de me partager tout ce qu’ils ont vécu. C’était difficile de recevoir tout ça en même temps, ce sont des choses atroces qu’ils ont vécues. Quand ils ont sorti les photos de ceux qui sont décédés, ça m’a vraiment bouleversée. Ce sont des jeunes de 15 ans, plus jeunes que mes enfants. On a un lien maintenant très très fort. Ça m’a montré que l’être humain est capable de vivre plein de choses et de survivre, de continuer, de persévérer. On est fait fort. Ça va rester toujours avec eux comme une grande blessure, mais le fait qu’ils ont été capables de partager ça avec moi, c’était juste fou. C’est là que j’ai vu le pouvoir de l’art. L’art crée des opportunités. Ça donne de l’espoir et de la force.

Une citation, une chanson et un livre sur une île déserte

La citation : « Stupid is as stupid does » (du film Forest Gump) Traduction libre : « Le manque d’intelligence peut être jugé aux actes » (ou encore : « Tes niaiseries sont la preuve que tu es niaiseux »). C’est vraiment très simple et c’est clair. On est responsable chacun de nous, il faut réfléchir à ce qu’on fait.

Une chanson : L’Amérique pleure des Cowboys Fringants. J’écoute cette chanson-là 20 fois par jour. Quand j’aime une chanson, je deviens vraiment obsessive!

Un livre : Lazarus and the Hurricane. C’est l’histoire d’un jeune boxeur accusé en 1967 d’avoir tué trois hommes blancs, emprisonné pendant des années. Quand j’étais jeune, j’avais beaucoup de problèmes avec la lecture. J’ai lu ce livre-là et j’étais capable de comprendre de ce que je lisais. Cette histoire m’a beaucoup inspirée. On a le pouvoir de faire de belles choses.

Quelque chose n’ayant rien à voir avec l’art qu’on ne soupçonne pas de vous.
J’ai la maladie de Crohn depuis que j’ai l’âge de 19 ans, je vais l’avoir pour le restant de ma vie et j’ai survécu à sept opérations. Je suis un super héros! Mes enfants, l’art et le bénévolat m’ont beaucoup aidée.

Un artiste ou un événement culturel méconnu qui gagnerait à être connu
Je vais vous présenter un événement qui s’appelle D’un oeil différent. Ça se passe à Montréal, en 2020, ça va faire 15 ans que l’événement existe. C’est un grand vernissage qui se passe à l’écomusée du Fier Monde. C’est un grand vernissage d’art qui mélange les artistes qui ont des déficiences intellectuelles avec des artistes qui n’en ont pas. C’est mon vernissage préféré. Toutes les œuvres sont à vendre et tu ne sais pas si elles ont été faites par quelqu’un avec une déficience ou non. C’est du 11 au 22 mars 2020.

Comme prochain invité, Monica m’invite à boire un café en compagnie d’un poète sensible, d’un entrepreneur à ses heures et surtout d’un homme de cœur, Jean-Noël Bilodeau.

Patrick Richard

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